ELLE
Une vision erronée
Existe-t-il des « recettes » pour « réussir » sa sexualité… ? On pourrait le penser à la lecture des nombreux articles de magazines féminins (et masculins !) où l’on « apprend » comment augmenter son « sex-appeal », comment faire « grimper au rideau » son « partenaire », comment « pimenter » ses « rapports », bref, comment atteindre le nirvana du « bonheur » sexuel, à savoir, bien évidemment, comment éprouver un maximum de plaisir sensuel, avec une intensité et une fréquence maximums… Je dois avouer qu’au début de notre mariage il y a 15 ans, j’avais une vision assez proche de celle-ci. Je me disais que pour rendre mon mari heureux, je devais être la plus « disponible » possible (sexuellement), parce que « se refuser, c’est pas très sympa… ». Il paraissait donc évident que pour vivre de cette manière notre sexualité, en dehors des moments où nous « voulions » un enfant, il fallait un moyen « fiable » de contrôler les naissances. D’où le « choix » (l’obligation ?) de la contraception, cette vraie « libération », si répandue et vantée par tous (sauf… ?), …
Questionnement
Mais au bout d’un certain nombre d’années, d’inévitables questions surgissent… Pourquoi ma libido est-elle si souvent en berne ? D’où viennent cette déception, cette lassitude, cette peur lancinante d’être enceinte ? Qu’est-ce qui « cloche » ? Certes, nous avons des « rapports sexuels réguliers» avec mon mari, et j’y éprouve du plaisir, mais n’est-ce vraiment que cela une sexualité heureuse et épanouie… ? Je veux autre chose, quelque chose de vraiment grand, à la hauteur de notre amour ! Je passe de la pilule qui « me tue à petit feu », au stérilet dans l’optique de commencer à observer mon cycle hormonal… Catastrophe, je fais l’expérience de la perte d’un enfant à cause de ce corps étranger en moi : pourquoi m’a-t-on caché ce risque ? Choquée, ébranlée, je franchis le pas radical de la régulation naturelle des naissances* : je sens encore confusément que « c’est ça », et ma conscience me pousse à chercher la Vérité….
Pour que notre sexualité me rende vraiment heureuse et pour que je la vive d’une façon de plus en plus épanouie, je réalise qu’elle doit tout simplement « dire vrai ». Notre sexualité doit être le langage qui signifie « je t’aime », « je veux me donner à toi, sincèrement, totalement, sans tricherie, et te recevoir totalement, dans toute la vérité de ton être »… Et l’expérience de la maternité m’a fait réaliser intimement l’immensité et la profondeur de ce don de nos corps qui, lorsque nous sommes en pleine vérité l’un face à l’autre, nous rend capables d’enfanter, nous rend capables de participer à la survenue d’une nouvelle personne humaine ! Quel mystère impressionnant ! Notre fécondité n’est pas un danger ou un boulet, c’est un trésor à préserver et à administrer…
Retour au réel
Finalement, je réalise que, comme toutes les femmes, je veux être aimée pour ce que je suis. Je veux être respectée, comprise ! Mais comment espérer être comprise et connue de mon époux si je ne me connais pas, ni ne me respecte moi-même… ? Ce chemin fondamental, je vais enfin l’entreprendre au plus intime de moi-même, en prenant le temps d’observer les signes que mon corps me donne chaque jour. Et pas n’importe quels signes ! Ceux qui signifient en profondeur que je suis femme, que je peux être mère, et que c’est cela que je veux donner à connaître et à aimer à mon époux !
Lentement, je passe de la femme qui veut séduire et capter, et qui veut pour cela que son corps se plie à SA volonté (esthétique et fonctionnelle), à une épouse qui veut se donner elle-même, telle qu’elle est, telle qu’elle fonctionne, avec ce qui fait d’elle une femme et une mère potentielle, et se laisser aimer ainsi. Je fais l’expérience de cette « mise à nu » en remettant à mon époux cette connaissance de moi-même et les conséquences dépassent notre imagination ! Mais il fallut plusieurs étapes pour que notre amour mûrisse. Au départ, je « tenais » tout toute seule. Nous continuions sur nos anciens « réflexes », avec des unions soumises aux aléas de nos envies ou fatigues. Je détenais les informations, je les interprétais, et mon mari me posait « quand ça lui prenait » la question « fatidique » : « Alors, c’est bon ce soir, ou pas ? ». A la longue, cette question devenait pour moi insupportable ! Cela revenait à entendre : «Alors, je peux « te consommer » , « sans risque », ou pas ce soir ? ». Le déclic vint plus tard, lorsque mon époux prit enfin conscience du rôle qu’il pouvait et devait jouer à mes côtés ! Le changement fut d’une simplicité évangélique : il décida de prendre en main le tableau d’observation du cycle et la question devint non seulement quotidienne mais radicalement différente. Aujourd’hui, mon époux me demande chaque soir : « Comment t’es-tu sentie aujourd’hui mon cœur ? ». Voici que petit à petit mon mari s’intéresse à moi en profondeur, non seulement au déroulement de mon cycle hormonal, mais aussi aux événements de mon quotidien, à mes états d’âme, bref, je me sens profondément respectée et rejointe dans toutes les dimensions de mon intimité. Combien de fois avons-nous fait l’expérience que cette petite question ouvrait sur de grandes et profondes conversations que nous n’avions jamais eues auparavant !
Mon besoin profond de confiance et de sérénité est comblé : désormais c’est mon époux le « garant » du respect de la méthode naturelle, je m’appuie sur lui, j’ai pleinement confiance en lui, du coup je me sens bien plus disponible et nos unions ont une saveur bien plus forte…. ! Je me sens enfin libérée de la terreur de la « grossesse imprévue ». Car tout ce cheminement a permis de remettre l’enfant au cœur de notre dialogue conjugal, donc à sa juste place, dans le juste respect de sa valeur infinie, et dans la conscience de nos responsabilités de parents.
Apprentissage au quotidien de la méthode naturelle
Nous avons dû passer aussi par l’apprentissage parfois douloureux et crucifiant de la vraie continence périodique, quand nous avions des raisons graves de différer une naissance. Cette « souffrance », cette pauvreté renouvelée à chaque cycle était nouvelle pour nous. Si différente de nos anciennes habitudes ! Mais quels fruits ! Nous avons peu à peu appris à vivre ces périodes non pas comme un éloignement et une privation d’ordre sexuel, mais comme un apprentissage de toute une palette de gestes, d’attitudes, de mots et d’attentions qui viennent enrichir précieusement notre intimité conjugale et notre sexualité même si dans ces moments nous ne vivons pas d’orgasmes ! et tous ces détails sont le vrai piment de nos retrouvailles, dont l’intensité (et même la fréquence !) dépasse tellement nos étreintes passées où finalement nous passions « à côté l’un de l’autre »… Bien sûr, cela exige de chacun des sacrifices, des passages délicats, douloureux, mais c’est un dépouillement tellement bienfaisant, qui nous rend tellement plus forts ensuite, et tellement fiers l’un de l’autre d’avoir surmonté les obstacles ensemble…
Bref aujourd’hui je sais ce qui fait de moi une femme vraiment heureuse et épanouie ! C’est d’avoir à mes côtés un « mec », un vrai, au sens viril du terme : un homme qui sait ce qu’est une femme, et en particulier SA femme, qui sait ce qu’est son cycle hormonal, qui en connait les secrets, qui en connait l’influence sur les états d’âme, les humeurs et la libido de sa bien-aimée ! Un homme qui me comprend en profondeur, qui sait « dominer sur moi » (cf ST Paul !), être « ma tête » quand mes émotions ou mes élans prennent le dessus, qui sait me conquérir et me courtiser quand mes hormones m’éteignent… qui connait mes besoins profonds. Je l’admire dans la capacité qu’il a développée peu à peu à me comprendre, à m’attendre, à se maîtriser pour moi, à me bousculer, à me remuer quand il faut ! Je l’aime pour tout cela. J’ai confiance en lui, en notre couple qui est bâti sur du solide ! Mon époux a appris à écouter, à s’ouvrir à son tour, à se confier, à s’exprimer, ce qui était si rare auparavant ! Il m’encourage, il m’aide à m’aimer comme je suis. Pour toutes ces raisons, je veux me rendre disponible pour lui, je veux être accueillante pour lui, je veux prendre soin de lui. Bilan : plus d’unions, plus d'amour véritable et une meilleure compréhension de la fécondité de notre couple!!!
LUI
En tant qu’époux, la question de la sexualité ne me préoccupait pas vraiment au début de notre mariage. Certes j’aspirais à vivre cet aspect de ma vie en cohérence avec ma foi mais je n’y connaissais pas grand-chose et ne cherchais pas à me former sur ce sujet. Lorsque la question de la régulation de notre fécondité s’est posée (après la naissance de nos deux ainées), j’ai laissé ma femme choisir elle-même le moyen à utiliser : d’abord la pilule puis le stérilet et ses conséquences funestes. Ensuite les méthodes naturelles*. Ce que je considérais alors comme une marque de confiance vis-à-vis d’elle était en réalité une démission de ma responsabilité d’époux. Plusieurs années ont passé pour que je réalise mon erreur. Face au stress important qu’éprouvait ma femme, j’ai compris que je devais m’impliquer.
En me formant sérieusement, j’ai redécouvert les mécanismes du cycle féminin. Mon premier élan a été celui de l’émerveillement face à l’admirable harmonie du corps humain, en particulier celui de ma femme ! Au même moment, j’ai été profondément touché par le témoignage d’un époux qui racontait comment « cette manière de vivre sa sexualité (la méthode Billings) l’avait fait réellement devenir un homme ». Du jour où je me charge de la tenue du tableau d’observation, la pression baisse, le dialogue s’approfondit, la confiance mutuelle entre nous et en Dieu grandit. Le regard que je pose sur ma femme change radicalement et je découvre à quel point son rythme physiologique et son rythme « émotionnel, psychique » évoluent en parallèle. Sa libido est aussi très liée au cycle. Cette meilleure connaissance de ma propre femme me permet d’adapter mon comportement, de m’ajuster vis-à-vis de mes désirs sexuels mais plus largement dans mon attitude générale en couple. Je peux anticiper, formuler mon désir, et y apporter une réponse pleinement humaine et responsable. Petit à petit je sens que cette dimension de ma vie est de plus en plus unifiée avec tout mon être et j’ai le sentiment d’une grande cohérence entre les dimensions corporelle, spirituelle et sentimentale de ma personne. C’est finalement une joie intérieure profonde qui s’est installée dans mon cœur. Je vis une sexualité qui me comble et je sais que ce sentiment est partagé avec ma femme.
Nous préférons désormais la réalité de la joie partagée, du bonheur partagé, à la pulsion d’un plaisir individuel, et pourtant, nous ne sommes pas des héros. Combien nous nous sentons faibles et fragiles, souvent ! Mais si l’on désire vivre la chasteté conjugale, n’attendons pas d’être parfaits. Il faut décider, à DEUX, sous le regard de Dieu, de vivre notre sexualité selon notre nature profonde. De cette décision commune seulement nous pouvons avancer, progresser dans l’amour. Et notre foi s’en trouve énormément approfondie : on éprouve dans sa chair et dans son cœur les immenses bienfaits de cette manière de vivre l’amour.
…..NOUS
Cette manière de vivre notre sexualité nous rend profondément heureux, nous libère, nous apaise, nous simplifie, nous unifie, nous guérit, comble nos corps et nos cœurs, et porte tant de fruits pour nos enfants et ceux qui nous entourent… ! Nous faisons jour après jour l’expérience du don incroyable que Dieu fait aux hommes et aux femmes de bonne volonté qui « sautent le pas » de la confiance en Sa parole et en Sa volonté.
Alors, n’ayez pas peur ! Essayez, vous verrez ! C’est à votre portée, nous ne sommes pas meilleurs que les autres, le Seul à nous rendre meilleurs, c’est le Christ qui ne se lasse pas de nous soigner et de nous fortifier, par la confession, l’Eucharistie et toutes les grâces qu’Il nous distribue en abondance, pour peu que nous y recourrions avec sincérité !
R et C.
*Nous avons choisi la « Méthode Billings » : www.methode-billings.com